«L’important, c’est ce qu’il va se passer sous l’abri»
Le Point de vue de l'architecte : Bivwak Architecture

Chez Bivwak Architecture, on privilégie les moments de vie, les volumétries inhabituelles et l’esprit collectif. Le studio se focalise sur l’habitat, de l’extension au quartier de 60 logements. Rencontre avec Julien Déom, le gérant. 

Bivwak, ça vient d’où?

Quand j’étais étudiant, j’ai retenu une phrase que nous a dite Alain Richard, architecte à Liège: notre métier, c’est de construire des abris. Bivwak vient de là… Le bivouac, c’est un peu l’extrême. Mais il y a un côté magique: la manière dont on s’installe par rapport au contexte, comment on s’accroche sur un site, les moments qu’on y vit. Cela résume l’esprit tel que je le vois depuis le début. Cela représente aussi l’esprit collectif dans lequel on travaille, mes collaborateurs et moi. Notre objectif, c’est de faire en sorte de mettre en place des moments de vie surprenants, émotionnels. Car ce qui est important, c’est ce qui va se passer sous l’abri.

Sur quels types de projets travaillez-vous? 

Nous faisons du privé, de l’unifamilial. Beaucoup de clients viennent à nous car ils connaissent nos projets et apprécient notre créativité. On fait une architecture qui essaie d’être en travers de ce que les administrations attendent de nous. On joue avec les formes, on crée des volumétries parfois inhabituelles. Les gens viennent chercher cette énergie. 

Il y a quelques années, nous avons tenté de mettre un pied dans les marchés publics, nous avons même remporté un concours pour une salle polyvalente. Malheureusement, le marché a été annulé. Par la suite, nous n’avons plus eu envie de nous investir dans ce type de projets… 


Gabrielle Gribomont, Alisson Henneaux et Benjamin Bosi collaborent avec Julien Déom.

Mais cela vous a fait connaître… 

Oui, grâce à ce projet avorté, un promoteur est venu nous trouver. Nous avons formé un groupe entrepreneur-architecte pour développer un nouveau quartier d’une cinquantaine de logements dans le centre-ville de Rochefort. Ce projet nous a menés à un autre du même type, à Habay-la-Neuve, où nous sommes chargés de construire une soixantaine de logements. Ces deux projets sont toujours en développement.

Mais pas question pour nous d’y développer des lotissements classiques, nous menons une réflexion avec les autorités communales et régionales dans le but de créer des projets de qualité. Il y a une demande de plus-value, d’intégration, de logements qualitatifs, avec de gros enjeux de mobilité. On ne veut pas faire de la rentabilité à tout prix sans aucune réflexion derrière.

Comment voyez-vous l’avenir du bureau? 

Ces deux dernières années, avec la pandémie et l’inflation, nous avons régulièrement pensé que nous allions être impactés… Nous ne l’avons pas été, mais il y avait toujours cette crainte d’être bloqués, de ne plus pouvoir construire. Aujourd’hui, nous recommençons à pouvoir nous projeter.

Pour l’instant, notre équipe est équilibrée. Nous faisons déjà beaucoup en étant 4, il n’y a pas d’envie de nous restructurer. Mais si la demande continue à augmenter, il faudra revoir les effectifs ou sélectionner les projets, ce n’est pas notre objectif. D’autant qu’en fait, il y a déjà une sélection qui se fait en amont: pour travailler avec nous, il faut partager la conviction que l’architecture aura un impact sur le quotidien. Si on met tant d’énergie pour faire une architecture de qualité, c’est parce que nous y croyons.


Crédit photos : François Brix et Bivwak Architecture

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