Les Arènes du territoire : quoi de neuf, depuis deux ans?

La Maison Régionale de l’Architecture et de l’Urbanisme a organisé une deuxième session des Arènes du territoire, deux ans après la première. Objectif: faire le point sur la réduction de l’artificialisation des terres et de l’arrêt de l’étalement urbain à l’horizon 2050. 

Les Arènes du territoire, rappelez-vous… 

Les Arènes du territoire sont l’une des actions mises en œuvre par la Wallonie en matière d’aménagement du territoire. Elles découlent de la Déclaration de Politique régionale 2019-2024, qui s’est fixé comme objectifs de réduire l’artificialisation des sols et de freiner l’étalement urbain pour y mettre fin à l’horizon 2050. Les Arènes du Territoire sont un exercice de démocratie participative. Concrètement, il s’agit d’organiser et animer des débats où se rencontrent des acteurs engagés, intéressés et/ou impliqués dans l’aménagement du territoire, représentant les mondes associatif, économique, politique et la société civile. De les inciter à confronter leurs opinions sur la question de l’artificialisation des terres, et d’ainsi dégager des pistes et actions permettant de freiner, voire stopper, l’étalement urbain d’ici 2050. Les 8 Maisons de l’Urbanisme de la Wallonie ont été chargées par le Gouvernement wallon et le SPW Territoire de créer un de ces lieux de débats, adapté aux spécificités de son territoire.

Trois premières séances ont été organisées fin 2020 et début 2021, dans le but de faire le point et de dégager des pistes d’action concernant différentes thématiques (lire Traits d’Union 017 ): 

  • La sensibilisation du grand public 
  • La stratégie de rénovation 
  • Les transports 
  • La maîtrise du foncier et le fait d’empêcher les personnes de reconstruire selon leurs desiderata
  • La désirabilité des villes 
  • Le développement différent des projets immobiliers 
  • Les Fonds alloués par la Région 
  • Le développement de l’expertise en Wallonie 
  • L’incitation des communes wallonnes à adhérer au projet de limiter l’artificialisation

Aujourd’hui, deux ans plus tard, qu’en est-il ? 

Alors que des inondations ont ravagé son territoire à l’été 2021, la Wallonie a demandé aux Maisons de l’Urbanisme de la Wallonie d’organiser de nouvelles arènes dans le but de faire le point sur la question. 

Deux séances, tenues les 24 novembre et 8 décembre 2022, ont rassemblé à quelques exceptions près, les intervenants qui avaient déjà participé aux premiers débats. Y ont ainsi pris part, aux côtés de Gaëtan Doquire et Julie Genot (UWA et MRAU) : 

  • Séverine Bouchat, architecte, Vice-Présidente de l’UWA et membre du Pôle de l’aménagement du territoire de la Wallonie
  • Benoît Demaret, développeur pour la Maison Blavier 
  • Jean-Marie Halleux, professeur et chercheur à l’Université de Liège 
  • Hervé-Jacques Poskin, directeur du Cluster Eco-construction 
  • Virginie Richiuso, conseilleur juridique chez Embuild Wallonie (anciennement Confédération Construction wallonne) 
  • Benjamin Robinson, associé au Bureau d’Architecture ARTAU à Liège 
  • François Schreuer, coordinateur de l’ASBL urbAgora à Liège et à Charleroi et élu communal. 

La première séance s’est orientée sur les inondations, de nombreux volets de l’aménagement du territoire ont été passés en revue: la limitation de l’artificialisation (impliquant les notions d’atténuation et d’adaptabilité), le réchauffement climatique et la question de la transition énergétique, les enjeux de la régénération du territoire, l’intégration de la gestion des eaux dans les projets développés, la position des communes dans la gestion du territoire, les référentiels commandés par la Wallonie à la suite des inondations,…

Ces éléments ont été remis en perspective: les outils, les techniques, les moyens doivent être adaptés à l’humain et au vécu du terrain. Il est nécessaire de reconstruire et de s’adapter, mais aussi de tenir compte du fait que des gens sans logement se voient obligés de reconstruire dans l’urgence. 

La seconde séance a permis de revenir sur les thématiques abordées lors de la première édition: est-on toujours dans la même situation ou y a-t-il eu évolution ?

Les participants ont noté que la flambée des prix des matériaux implique désormais plus de pragmatisme: si la villa 4 façades reste prisée, elle n’en est pas moins inaccessible pour un public qui n’hésite plus à se tourner vers les maisons 2 ou 3 façades, et donc vers la densification. 

En marge de cela, peu d’évolution: les infrastructures manquent pour faire changer les mentalités en matière de mobilité, il reste beaucoup à faire pour rendre les villes désirables, tandis qu’il est nécessaire de réfléchir à la réhabilitation du bâti inoccupé ou sous-occupé. Une bonne nouvelle néanmoins : si les premières arènes ont démontré qu’il était nécessaire de développer l’expertise en Wallonie, de nouvelles formations seront prochainement mises en place dans les universités francophones du pays.

Grand Prix d’Architecture de Wallonie: serez-vous le prochain lauréat?