Le Gouvernement wallon a adopté le 30 mars le projet de Schéma de Développement du Territoire. Le SDT propose des mesures permettant d’optimiser le territoire en maîtrisant l’artificialisation et en luttant contre l’étalement urbain. Mais concrètement, on parle de quoi ? Entretien avec Willy Borsus, Ministre wallon de l’Aménagement du Territoire.
Monsieur Borsus, le Schéma de Développement du Territoire est particulièrement attendu…
Oui, le SDT va actualiser notre stratégie territoriale, qui remonte à 1999 ! On sait à quel point les enjeux ont évolué depuis lors… Le SDT réunit 20 objectifs, qui traduisent le fait qu’en matière de consommation de l’espace, de déploiement de l’activité économique et de relation à certains phénomènes climatiques tels que les inondations, le statu quo n’est pas une option. Ces décisions sont nécessaires pour le futur.
Cela se concrétise comment ?
Nous voulons trouver un nouvel équilibre entre l’utilisation actuelle et future de l’espace. Actuellement, 11 km² de territoire supplémentaires sont artificialisés chaque année. Le SDT prévoit de diminuer l’artificialisation jusqu’à atteindre 0 net en 2050. Des terres seront encore artificialisées, mais un processus de compensation sera mis en place : des espaces désaffectés seront rendus à la nature.
Pour cela, vous misez sur le concept d’ « optimisation spatiale ».
Oui, le but est d’utiliser l’espace de façon améliorée en définissant un certain nombre de centralités*, tant urbaines que rurales. Dans ces centralités, nous allons progressivement densifier l’habitat. A l’extérieur, par contre, nous allons la diminuer. Les centralités seront définies à titre provisoire par la Wallonie par rapport à leur proximité avec différents services et activités économiques. Mais la décision reviendra aux villes et communes qui auront 5 ans après l’adoption du SDT pour déterminer elles-mêmes leurs centralités. Elles pourront ainsi s’emparer de ce débat important qui concerne l’avenir de leur territoire, et prendre les décisions permettant leur développement et la préservation de leur identité.
Cela signifie qu’on ne pourra plus construire en-dehors des centralités ?
Si, et je tiens à rassurer… Le SDT ne modifie pas le plan de secteur, n’enlève pas la constructibilité des parcelles, ne balise pas la créativité des auteurs de projets. Il s’agit d’un schéma d’orientation qui fait le choix d’une urbanisation plus qualitative et plus imprégnée des enjeux actuels.
Le schéma d’orientation prévoit qu’à l’horizon 2050, 3 unités d’habitation de logements sur 4 devront se situer dans les centralités. C’est une tendance, une ligne progressive qui s’applique dans le temps mais ne privera personne de la constructibilité de sa parcelle.
Et avec le CoDT, on en est où ?
Nous planchons sur une réforme qui aboutira sur la table du Gouvernement à la rentrée, avec de nouvelles dispositions concernant les architectes en matière de charges d’urbanisme, la digitalisation des consultations, le rôle du fonctionnaire délégué quand il s’agit de développer un projet dans une zone exposée à un risque majeur. Un groupe d‘experts planche sur un certain nombre d’évolutions. Mais il n’y a pas de révolution à attendre car le CoDT date de 2017, il est récent.
Pour rappel, le projet de SDT a été adopté par le Gouvernement wallon. La phase de consultation du public s’est achevée le 14 juillet. Les villes, communes, intercommunales, associations et autres organismes concernés par le sujet ont également été consultés, tout comme les territoires voisins. Une fois tous ces avis récoltés viendra la phase d’analyse et de synthèse, puis celle de l’élaboration définitive du SDT, qui sera soumis à l’approbation du Gouvernement wallon.
Centralités : optimisons le territoire !
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