Retrival : « Le réemploi? Une question de volonté ! »

A l’heure où la raréfaction des ressources devient un enjeu majeur, Retrival, société coopérative active dans les services liés à l’environnement, s’engage activement dans la promotion du réemploi des matériaux de construction. Elle déconstruit, collecte et trie les matériaux réutilisables, avant de les mettre à disposition sur Cornermat, sa plateforme physique et digitale.

Dans un contexte où les ressources s'amenuisent, la circularité des matériaux est impérative. Mais comment agir concrètement ? Convaincus que l’avenir de la construction passe par le réemploi, différents opérateurs en ont fait leur cheval de bataille. Nous avons donné la parole à quelques-uns d’entre eux à l’occasion de notre THEMA dédié au sujet. Parmi eux, Retrival, une société coopérative à finalité sociale, active dans les services liés à l’environnement et qui s’oriente vers les métiers de collecte, tri, réemploi et recyclage des déchets/ressources, la déconstruction sélective de bâtiments et la vente de matériaux réutilisables via Cornermat.

Mais quels sont les freins à la mise en œuvre du réemploi ? Nous vous avions interrogés, et vos réponses étaient claires : le coût, l’exécution et la volonté des intervenants étaient pointés du doigt. « Trouver de bonnes raisons pour ne pas faire de réemploi dans un projet, c’est facile !, s’exclame Thibaut Jacquet, co-gérant de Retrival. Il faut avoir la volonté de se lancer… »

Elément primordial : la disponibilité des matériaux, et la temporalité liée à cette disponibilité. Il y a deux manières de réutiliser les ressources : la rénovation d’un bâtiment avec de la récupération in situ et l’import de matériaux de réemploi sur un nouveau projet. Dans les deux cas, « il est important de travailler le plus en amont possible dans le planning de travail, précise Thibaut Jacquet. Cela permet d’avoir une vision claire des besoins d’une part, et des disponibilités de l’autre, pour pouvoir incorporer ces matériaux dans le projet. »

Retrival a notamment travaillé sur le projet Mundo, à Louvain-la-Neuve. Un centre de bureaux éco-conçu et éco-géré dédié à l’hébergement d’associations, ONG’s et entreprises sociales, qui se voulait le plus circulaire possible en intégrant un maximum de matériaux de réemploi. « Ils nous ont transmis un tableau reprenant les matériaux dont ils avaient besoin dès l’entame du projet. Cela nous a permis d’anticiper, notamment en vérifiant au fur et à mesure de nos chantiers de déconstruction si des matériaux pouvaient les intéresser, et de pouvoir répondre le plus positivement possible à leurs demandes. »

Le bâtiment Mundo, à Louvain-la-Neuve, se veut le plus circulaire possible.

Autre frein : la mise en œuvre des matériaux de réemploi est vue comme compliquée par les entrepreneurs. « Les sensibiliser, ainsi que leurs opérateurs, est un élément important. Il faut arriver à changer les mentalités et à leur montrer que c’est faisable. »

Quant à la question du coût, elle serait tronquée. « Les matériaux de réemploi sont vendus au tiers ou au quart du prix du neuf établi pour le grand public, constate Thibaut Jacquet. Quand un projet est plus important, on adapte nos prix par rapport au prix des matériaux neufs négociés pour les professionnels. Si on veut être compétitifs et travailler avec des entrepreneurs et des architectes, nous devons montrer que le projet est viable et montrer qu’en termes de coût, introduire le réemploi n’est pas plus cher, voire est même moins cher… »

Retrival dispose d’une banque de matériaux, Cornermat, visible en ligne et sur site. « Grâce à sa mise en œuvre, nous arrivons à nous positionner dans un schéma économique. Par les inventaires et l’identification la plus précise possible des matériaux qu’on va récupérer, par la formation de notre personnel et par cette dépose sélective, on arrive à augmenter le volume de matériaux valorisés sur un projet. Notre ambition : réduire la quantité des déchets qui sortent du chantier et valoriser les matériaux récupérés. » Une valeur positive des matériaux revendus qui s’inscrit en boni sur le calcul de déconstruction sélective, permettant à l’entreprise de diminuer les coûts de prestation et de se positionner de manière compétitive par rapport à la démolition classique.





 



Lancement d'un réseau de facilitateurs en construction/rénovation durable et circulaire