” Laissez-nous reconstruire la ville sur la ville !”
L’Union Wallonne des Architectes plaide pour une redensification urbaine
Habitats alternatifs ou densification urbaine ? Pour l’Union Wallonne des Architectes, c’est clair : l’utilisation de yourtes, tiny houses et autres caravanes n’est pas « la » solution pour lutter contre l’étalement urbain. Si la volonté politique est de densifier les villes, l’UWA constate que, trop souvent, on met des bâtons dans les roues des architectes.
Et si l’habitat alternatif était une solution à la crise du logement de demain ? C’est ce que suggère Batibouw, qui mettra le sujet à l’honneur durant sa prochaine édition. Le salon de la construction propose cette année toute une zone dédiée aux modes d’habitat alternatifs : yourte, container, tipi, cabane, caravane, tiny house, roulotte,… qui rencontrent, selon les organisateurs, un succès grandissant. Au point de résoudre les futurs problèmes de densité de la population ?
Cette réponse interpelle l’Union Wallonne des Architectes (UWA). Vivre autrement, dans des logements plus petits, favoriser les économies d’échelles, oui. Mais pas au point d’envisager les tiny houses comme « la » solution pour compenser le manque annoncé de logements, dont les besoins sont estimés à 200.000 de plus d’ici 2026 en Belgique, d’après les chiffres fournis par Batibouw.
Certes, adopter un tel logement
permet de réduire son empreinte écologique et territoriale, leur structure est
plus légère, ils ont un moindre coût. « Mais c’est un type de biens
réservés à un public philosophiquement convaincu, à un public très particulier
qui privilégie ces logements par conviction, précise Fabrizio Tengattini,
président de l’UWA. C’est quelque chose d’assez anecdotique, qu’on peut
envisager provisoirement, mais pas dans la durée. D’autant que cela ne règlera
pas le problème de l’étalement urbain : les tiny houses, on ne les empile
pas ! C’est à ce niveau-là qu’il faut agir ! »
« Un discours voué à l’échec »
Durant des décennies, les nouvelles constructions ont grignoté les campagnes de manière débridée. Progressivement, les plans de secteur ont permis l’agrandissement des villes et leur périphérie, et réduit les surfaces qui les séparaient. Le message politique est clair : la Wallonie et la plupart des autorités communales ne veulent plus de cet étalement résidentiel. La Région prône le retour des citoyens vers les villes, et elle en fait une priorité, reprise dans le Code de Développement Territorial (CoDT), appliqué depuis 2017. « Le problème, c’est qu’il y a un monde de différences entre les beaux discours et ce qui est concrètement appliqué sur le terrain, insiste Fabrizio Tengattini. Les politiques parlent de revaloriser les villes et de réhabiliter les bâtiments existants. Or lorsque nous proposons des projets dans ce sens, ils nous mettent des bâtons dans les roues. Le principal frein vient du conservatisme de certains élus locaux qui nous imposent de respecter des règles dépassées. »
La solution à l’augmentation annoncée de la population : densifier les lieux de vie. Rénover le bâti existant. Réhabiliter les chancres. « La Wallonie nous demande de reconstruire sur la ville. Or nous n’arrivons que rarement à concrétiser de tels projets. Les politiques doivent accepter de prendre des mesures impopulaires et s’engager réellement à redensifier les villes. Car à l’heure actuelle, ce n’est qu’un discours voué à l’échec. »