C'est au cours de la fin d'année 2023 que nous prenons connaissance d'une mission économique princière en Norvège qui se déroulera à la mi-année 2024. Parmi les thèmes qui seront abordés, la circularité dans le secteur de la construction sera mise en avant. Nous comprenons alors qu'il s'agit d'une opportunité unique d'élargir notre vision sur le sujet et que nous ne pouvons pas manquer cette opportunité de faire rayonner le savoir-faire wallon en la matière.
Arrivée et mise en contexte
C'est donc le 16 juin 2024 que nous nous rendons à Oslo avec une importante délégation belge : près de 450 personnes accompagnent la princesse Astrid de Belgique pour cette mission. Nous assistons, le soir même au discours d'introduction de notre ambassadeur de Belgique en Norvège, Monsieur Jan Bayart, afin de prendre connaissance des enjeux économiques liés à la mission.
D'après l'Agence pour le Commerce Extérieur, le secteur de la construction est la cible prioritaire dans la stratégie norvégienne pour la circularité étant donné leurs ambitions en matière de logements (200.000 nouveaux logements d'ici à 2035 (AWEX, 2024)). Leur approche est la suivante :
- Des émissions basses pour les chantiers de construction
- Limiter l'exploitation des ressources naturelles en privilégiant le réemploi des matériaux de construction ex- et in-situ. Cette pratique doit être accompagnée par une digitalisation généralisée du secteur afin d'être en mesure d'utiliser des écosystèmes numériques utilisant des passeports et une banque des matériaux
- Eviter de privilégier la construction de bâtiments neufs en misant sur la rénovation, la conversion et la réhabilitation du bâti existant.
- Rendre les bâtiments écoénergétiques et intelligents.
Le gouvernement norvégien a consulté l'ensemble des acteurs afin de rendre sa stratégie en faveur de la circularité opérationnelle notamment via la création de clusters (Norwegian Centre of Circular Economy et Circular Norway). L'état norvégien incite également les entreprises à tendre vers un modèle de produit-en-tant-que-service (Product-as-a-service) favorisant la réutilisation et le partage des produits et des ressources. Enfin, des mécanismes tels que les obligations vertes ou les initiatives de finance durable sont encouragées par le gouvernement afin d'investir dans les projets d'économie circulaire.
Grâce à cette mise en contexte, nous sommes prêts à aborder la mission dans les meilleures conditions.
Les écosystèmes innovants au service de la circularité
La première matinée est consacrée au fonctionnement des écosystèmes innovants mis en place par les universités. Pour cela, nous nous rendons à la Oslo Science City. Nous comprenons alors que ce type d'approche fonctionne et nous décidons d'y appliquer notre prisme de lecture. Autrement dit, nous voulons répondre à la question suivante : comment appliquer ce type d'écosystème à la circularité dans la construction ?
Le principe de base suivant est énoncé et provient des principes de base du fonctionnement d'un écosystème :
"Un écosystème est un système qui fonctionne de manière autonome grâce à une multitude d'acteur. Il fonctionne si tout est partagé et devient déficient dès lors qu'un acteur décide de ne pas partager sa ressource".
Ainsi nous comprenons que le développement de l'économie circulaire dans la construction peut être catalysé par les innovations. Les initiatives doivent pouvoir être décentralisées tout en étant coordonnées afin de faire émerger les bonnes pratiques qui se généraliseront dans le futur.
A ce titre la création prochaine d'AD VITAM MATERIAL en Wallonie et dans les 2 autres Région belges est une excellente initiative pour l'ensemble des acteurs du secteur qui pourront disposer d'un espace pour le partage des connaissances favorisant la création de chaines de valeurs.
Quid des générations futures ?
C'est ensuite l'initiative de Circle U qui est présentée.
Il s'agit d'un programme destiné aux étudiants désireux d'être acteurs du changement vers la durabilité.
Grâce à une équipe multidisciplinaire, ces étudiants sont formés durant une période de 12 semaines. L'objectif étant de donner l'opportunité à ces étudiants de pouvoir devenir des entrepreneurs actifs dans la durabilité.
Et si le thème de la circularité ne transparait pas directement durant la présentation, nul doute que ce type d'initiative doit pouvoir voir le jour au sein des formations liées à construction et ce, afin de mettre le pied des générations futures à l'étrier des bonnes pratiques environnementales.
Sustainable Elegance: Circularity in Craft & Design
Début d'après-midi, nous prenons la direction du DOGA (Design og Arkitektur Norway) pour un séminaire consacré au design d'intérieur favorisant la durabilité.
Ce fut l'occasion de s'inspirer de la créativité des designers belges venus présenter leurs projets alliant esthétique et durabilité. C'est cette créativité, qui par essence, anime le métier d'architecte. Elle doit retrouver une place centrale dans la profession si l'ensemble des autres acteurs du secteur de la construction souhaitent voir les architectes comme des moteurs du développement de l'économie circulaire. C'est, entre autres, pour cela qu'à l'Union Wallonne des Architectes, nous nous positionnons en faveur d'une limitation de la multiplicité des tâches qui incombe aux prescripteurs.
Côté design norvégien, on notera l'existence d'un consortium de designer (Novooi) encadré par une spécialiste en économie circulaire avec l'objectif clair de la mise en place de chaînes de valeur éthiques permettant de réduire les émissions de C02.
Suite aux différentes rencontres lors de ce séminaire, nous avons pu apprendre qu’une norme ISO spécifiquement liée à l’économie circulaire avait été publiée. Selon ses interlocuteurs norvégiens, cette norme pourrait avoir un impact important et définir des standards de la circularité. A suivre de près donc…
Fin de la première journée
Cette première journée riche d'échanges nous aura permis de comprendre à quel point le monde de la construction doit pouvoir s'inspirer des autres secteurs afin de développer ses compétences en économie circulaire. Et, c'est sur la vision d'un coucher de soleil tardif au sommet du magnifique opéra d'Oslo que nous rentrons nous reposer car nous savons déjà que la deuxième journée nous réserve encore de belles rencontres.
--> Consulter la page du deuxième jour de notre mission à Oslo